Oración , Preghiera , Priére , Prayer , Gebet , Oratio, Oração de Jesus

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CATECISMO DA IGREJA CATÓLICA:
2666. Mas o nome que tudo encerra é o que o Filho de Deus recebe na sua encarnação: JESUS. O nome divino é indizível para lábios humanos mas, ao assumir a nossa humanidade, o Verbo de Deus comunica-no-lo e nós podemos invocá-lo: «Jesus», « YHWH salva» . O nome de Jesus contém tudo: Deus e o homem e toda a economia da criação e da salvação. Rezar «Jesus» é invocá-Lo, chamá-Lo a nós. O seu nome é o único que contém a presença que significa. Jesus é o Ressuscitado, e todo aquele que invocar o seu nome, acolhe o Filho de Deus que o amou e por ele Se entregou.
2667. Esta invocação de fé tão simples foi desenvolvida na tradição da oração sob as mais variadas formas, tanto no Oriente como no Ocidente. A formulação mais habitual, transmitida pelos espirituais do Sinai, da Síria e de Athos, é a invocação: «Jesus, Cristo, Filho de Deus, Senhor, tende piedade de nós, pecadores!». Ela conjuga o hino cristológico de Fl 2, 6-11 com a invocação do publicano e dos mendigos da luz (14). Por ela, o coração sintoniza com a miséria dos homens e com a misericórdia do seu Salvador.
2668. A invocação do santo Nome de Jesus é o caminho mais simples da oração contínua. Muitas vezes repetida por um coração humildemente atento, não se dispersa num «mar de palavras», mas «guarda a Palavra e produz fruto pela constância». E é possível «em todo o tempo», porque não constitui uma ocupação a par de outra, mas é a ocupação única, a de amar a Deus, que anima e transfigura toda a acção em Cristo Jesus.

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terça-feira, 3 de maio de 2011

EN CHEMIN VERS LA PRIÈRE

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1. " SEIGNEUR JÉSUS CHRIST, FILS DE DIEU, 
AIE PITIÉ DE MOI, PÉCHEUR "
Ce sont ces paroles qui englobent la prière que l’Église orthodoxe nomme " Prière de Jésus ou prière du coeur. " Tant de livres fort édifiants nous permettent de découvrir cette prière, quant à ses origines, son développement, sa méthode ; nous désirons très simplement en faire un rappel pour nos amis lecteurs qui la pratiquent déjà et la présenter un peu à ceux qui ne la connaissent pas encore.
Disons d’emblée que la Prière de Jésus est un chemin au sein de la prière hésychaste, cette " méthode " de méditation ou d’oraison (Le Chemin, nos 6 et 7) qui veut, dans le silence et la paix du coeur, rencontrer le Dieu vivant dans la vie trinitaire. L’hésychaste est celui qui fait un " retour en lui-même ", qui cherche à se taire pour que Dieu puisse lui parler, sachant bien qu’une telle visée ne s’acquiert pas seulement par un seul enseignement. Il s’agit d’une expérience spirituelle, d’une rencontre.
" L’hésychia, c’est demeurer devant Dieu dans une prière incessante. Que la mémoire de Jésus s’unisse à ta respiration et tu connaîtras la valeur de l’hésychia " (saint Isaac le Syrien, VIe siècle).
Si faire hésychia c’est s’approcher de Dieu, comment le connaître s’il ne se manifeste à nous, s’il ne se fait connaître à nous jusque dans son Nom ? Sinon Dieu ne serait pas le Dieu vivant. C’est dans cette approche de Dieu, dans cette soif de sa manifestation qu’est née dans le monachisme oriental chrétien la Prière de Jésus :
Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur.
Il ne s’agit pas d’une prière dite par Jésus, ni d’une prière à Jésus, bien que la prière s’adresse au Seigneur Jésus-Christ, mais d’une invocation, qui conduit à une expérience. Chaque mot prononcé est expérience et ne peut se vivre que dans l’Esprit-Saint, car nul ne peut dire que Jésus est Seigneur si ce n’est dans le Saint-Esprit (1 Co 12,3).
La prière de Jésus tient en peu de mots, mais ces mots contiennent tout : le ciel et la terre, le créé et l’incréé, Dieu et l’homme, c’est une prière divino-humaine.
" Elle unit l’âme au Seigneur Jésus-Christ et il est la seule porte vers la communion avec Dieu qui est le but de toute rencontre " (Théophane le Reclus).
On n’apprend pas la prière de Jésus, on entre dans l’expérience... Alors faisons maintenant comme Moïse devant le buisson ardent et " enlevons nos sandales, " c’est-à-dire faisons taire nos idées, nos concepts, pour nous approcher de celui à qui nous allons dire :
SEIGNEUR !
Seigneur ! Répétons encore... Nous ne prononçons pas un mot, nous formulons une invocation. Avant d’aller plus loin, arrêtons-nous un peu, fermons les yeux, et laissons monter l’expérience que cette parole suscite en nous :
SEIGNEUR !
Dans la pensée égyptienne et sémitique, le terme " seigneur " signifie : Maître, Adonaï en hébreu, Kyrios en grec. Celui dont on dépend entièrement, dont on est l’esclave et qui possède un droit de vie et de mort sur ceux qui lui sont soumis. Issu de cette mentalité, le peuple hébreu appelle son Dieu "Adonaï" parce qu’il est son Créateur et parce que sa créature lui appartient.
Fils de Dieu, rendez au Seigneur,
rendez au Seigneur gloire et honneur.
Dans l’appellation de Seigneur, Dieu est aussi reconnu comme Roi par ses serviteurs. C’est le titre royal de YHWH, dont le Nom exprimé par le Tétragramme sacré a été traduit par Adonaï, mon Seigneur :
Chantez à Dieu, chantez,
Chantez à notre Roi, chantez,
Car Dieu est Roi de toute la terre.
Les disciples de Jésus sont des Juifs, ils ont fait l’expérience de la Seigneurie de Dieu, et en vivant avec Jésus, ils refont la même expérience. C’est pourquoi ils l’appellent d’abord : "Rabbi " ou " Rabbouni " ce qui veut dire " Maître ", puis ils attribuent à Jésus le pouvoir souverain de " Seigneur ", Mara en araméen :
Vous m’appelez Maître et Seigneur
et vous dites bien car je le suis (Jn 13,13).
Déjà avant la naissance de Jésus, Élisabeth enceinte de Jean-Baptiste reconnaît Jésus comme Seigneur dans les entrailles de Marie enceinte, et Jean-Baptiste tressaille d’allégresse :
Comment m’est-il accordé que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? (Lc 1,43)
"Seigneur " contient à la fois la royauté de Jésus et sa divinité. Jésus lui-même, face aux Pharisiens, s’appuie sur le psaume 110 pour dire que le Messie est " Seigneur " donc supérieur à David dont il est le fils :
Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite,
jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds (Ps 110).

Les apôtres s’appuient sur ces mêmes mots pour affirmer la souveraineté absolue de Jésus actualisée par sa Résurrection (Ac 2,34). Et l’Église naissante s’adresse au Seigneur Jésus dans sa prière en disant :Marana tha : Notre Seigneur, viens  ! (1 Co 16,22), appel qui retentit jusque dans l’Apocalypse (Ap 20,22). Si à mon tour, je nomme Jésus " Seigneur ", quel bouleversement dans ma vie, à quel retournement je suis appelé... Je veux donc dépendre entièrement du Seigneur Jésus, renoncer à mes multiples seigneurs qui me possèdent et auxquels je me prostitue, pour me prosterner à ses pieds et les baiser comme l’a fait Marie-Madeleine. C’est dans cet esprit d’humilité et d’adoration que nous entrons dans la prière de Jésus.
SEIGNEUR JÉSUS !
Qui est Jésus dans ma vie ?
" Yeshouah ", l’appelait sa Mère. Jésus signifie " Dieu sauve ", celui qui apporte le salut : il est venu sauver tous ceux qui étaient perdus (Lc 19,20). Jésus est notre Sauveur, il arrache l’humanité à la mort, brise les verrous de l’enfer. Jésus est aussi mon Sauveur car chaque jour, à chaque instant, il me libère, me délivre, me guérit si j’invoque son Nom. Dans la puissance salvatrice de son Nom, Jésus assume la prophétie du prophète Joël : Quiconque invoquera le Nom du Seigneur sera sauvé (Jl 2,32).
Qu’est-ce qu’invoquer le Nom ? Que représente le Nom pour un sémite ? Cela nous intéresse car c’est dans la foi du peuple hébreu que sont les racines de notre propre foi. Dans la mentalité du peuple hébreu, connaître le nom de quelqu’un, l’appeler par son nom, c’est le connaître intimement et en même temps, c’est savoir comment s’y prendre pour l’approcher, pour communiquer davantage encore, pour obtenir son aide. C’est en quelque sorte avoir une certaine prise sur l’autre. Il en est ainsi avec Dieu, et cela tournerait à la magie, au service de nos propres intérêts, si notre Dieu n’était pas le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, le Dieu révélé en Jésus-Christ qui a reçu de son Père le Nom qui est au-dessus de tout nom (Ph 2,9).
L’invocation du saint Nom sans le fondement de la foi et l’élan du coeur demeure stérile ou peut aller jusqu’à nous nuire. Il ne suffit pas de me dire " Seigneur, Seigneur " pour entrer dans le royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux... (Mt 7,21-23). C’est ainsi que, dans sa mentalité de sémite, Moïse s’adresse à Dieu qui l’envoie en Égypte : J’irai donc vers les enfants d’Israël et je leur dirai : " Le Dieu de vos Pères m envoie vers vous. " Mais s’ils me demandent quel est son nom que leur répondrai je  ? Dieu dit a Moïse : " Je suis celui qui suis  " (Ehy eh asher Ehyeh en hébreu) Et il ajouta : " C est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Ehyeh - Je suis - m’envoie vers vous. " Dieu dit encore à Moise : " Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Le Seigneur Dieu de nos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous. C’est la mon Nom à jamais, c’est ainsi qu’on m’invoquera de génération en génération " (Ex 3, 13-15).
Dieu lui-même s’est nommé à Moïse, non dans son Essence mais en tant que " Je suis " c’est-à-dire celui qui a promis d’être avec nous. Le Nom se donne au peuple et Israël peut nommer son Dieu et témoigner à tous les hommes de l’univers de la puissance du saint Nom, car si Israël connaît le Nom divin il n’en est pas le propriétaire mais le témoin. Rabbi Siméon ben Eléazar (vers 200) dit : " Quand les Israëlites font la volonté de Dieu son Nom est exalté dans lé monde, mais quand ils ne font pas sa volonté, son Nom est profané dans le monde vivant. " Toute la foi d’Israël repose sur le Nom et la relation qu’il peut avoir avec le Nom car Dieu a révélé ses moeurs à son peuple en lui révélant son Nom.
Moïse tailla deux tablés de pierre comme les premières, il se leva de bon matin et monta sur le mont Sinaï selon l’ordre que le Seigneur lui avait donné et il prit dans sa main les tables de pierre. Le Seigneur descendit dans une nuée et se tint auprès de lui et Moïse proclama le nom du Seigneur. Et le Seigneur passa devant lui et s’écria : " Le Seigneur, le Seigneur Dieu miséricordieux et compatissant, lent a la colère, plein de fidélité et de vérité, qui reste fidèle à des milliers de générations, qui supporte la faute, la révolte et le péché mais sans rien laisser passer... " (Ex 34,6-7).
Parce que Dieu s’est nommé à Israël jusque dans son Être pour lui, Israël sait pourquoi et comment invoquer le saint Nom. Toute la prière du peuple hébreu est invocation : la bénédiction, l’action de grâce, l’adoration, la supplique, les cris. Au travers de la joie, des larmes, de la détresse, ce sont toujours des appels vers le Nom.
Les liens de la mort m’ont enserré ;
J’étais saisi par la détresse et la douleur
J’ai invoqué le Nom du Seigneur :
ô Seigneur, délivre mon âme. 
(Ps 115, 3-4)
Pourquoi invoquer le Nom ? Pour vivre heureux aujourd’hui et éternellement, c’est en des mots très simples, traduire que le Christ est venu pour nous apporter le salut. C’est pour nous apporter la joie, la paix, la vie en abondance, jour après jour, cette vie après laquelle chaque homme aspire, consciemment en invoquant le saint Nom, ou inconsciemment en sombrant dans les désordres psychiques, que le Nom s’est fait chair. Dans le Seigneur Jésus se réalisent les paroles du prophète Joël, reprises par l’apôtre Pierre devant le Sanhédrin : Il n’y a pas sous le ciel d’autre Nom donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés (Ac 4,12).
Dans la foi chrétienne, Jésus est la révélation et la manifestation du Nom Divin : Qui m’a vu, a vu le Père (Jn 14,9).
Les moeurs de Dieu envers les hommes, Israël les expérimentait à travers des actes concrets ; maintenant le Seigneur Jésus incarne les promesses et les actes de son Père jusque dans le détail de notre quotidien.
Ainsi :
face à nos ténèbres, il dit : Je suis la Lumière (Mc 4,31)
face à nos prisons : Je suis la Porte (Mt 7,13)
face à nos égarements : Je suis le Chemin (Jn 14,6)
face à nos faims : Je suis le Pain de Vie (Jn 6,34)
face à nos tromperies : Je suis la Vérité (Jn 14,6)
face à nos morts, à la Mort : Je suis la Résurrection et la Vie (Jn 11,24).
Et tant d’autres " Je suis ", face à tous nos manques, jusque sur la Croix où Jésus révèle qu’il EST l’Amour dans un être d’Amour qui culmine dans la Résurrection, car cet amour-là est plus fort que la mort. C’est du Seigneur Jésus-Christ que découlent toute cette tendresse, cet amour, cette miséricorde que son Père a pour nous, et qu’il a révélés à Moïse. Cet amour, Jésus a pour mission de nous le manifester. Dans cette mission, il est le Messie, le Christ, c’est-à-dire l’Oint du Seigneur.
SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
L’onction était l’élément essentiel de l’investiture des rois, considérés en Israël, comme dans tout l’Orient ancien, comme sauveur des peuples. Le Roi était choisi par Dieu, il était le serviteur du Seigneur. Afin que le roi puisse accomplir sa mission, en fidélité à la volonté du Seigneur, il était oint d’huile parfumée, et ainsi participait de l’Esprit de Dieu. C’est ce qui se produisit avec David. Le roi Saül avait été infidèle à sa mission, aussi le Seigneur, répondant aux pleurs de Samuel, envoya celui-ci à Bethléem pour oindre de sa part, celui qu’il lui indiquerait. Ce fut David le berger. Alors le Seigneur dit à Samuel : " Lève-toi, oins-le, car c’est lui. " Samuel prit la corne d’huile et l’oignit au milieu de ses frères. L’Esprit du Seigneur saisit David à partir de ce jour et dans la suite (1 S 16,13).
Nous voyons à travers ces lignes se profiler le visage de Jésus, le Christ. Dans la synagogue de Nazareth, le jour du Shabbat, Jésus fait la lecture du prophète Isaïe :
L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ; il m a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, pour renvoyer libres les opprimés, proclamer une année d’accueil pour le Seigneur... (Lc 4,16-20). Puis Jésus dit : " Aujourd’hui cette parole que vous venez d’entendre est accomplie " (Lc 4,21).
C’est parce que Jésus est oint par son Père, c’est-à-dire tout rempli de l’Esprit-Saint que ses paroles et sa vie entière peuvent témoigner qu’il est le Messie, le fils de David promis par les prophètes et tant attendu par Israël.
Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon Bien-Aimé en qui mon âme prend plaisir. J’ai mis mon Esprit sur lui. Il annoncera la justice ara nations. Il ne contestera point, il n’élèvera pas la voix (Is 42,12).
C’est jusque dans la passion et sur la croix, et jusque dans sa Résurrection que Jésus assume son messianisme, en obéissant à la volonté de son Père. En Jésus de Nazareth, les disciples, puis l’Église naissante, reconnaissent le Messie, le Christ. Voilà pourquoi toute la foi de l’Église primitive s’exprime en ces paroles que l’on chante à travers les siècles jusqu’à nos jours :
Christ est ressuscité des morts, par la mort il a vaincu la mort,
à ceux qui sont dans les tombeaux il a donné la vie. (Tropaire de Pâques)
SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST !
Beaucoup parmi nous sont baptisés et chrismés, c’est-à-dire que nous sommes oints avec l’huile sainte et portons dans tout notre être le sceau du don du Saint-Esprit, mais aujourd’hui, Jésus est-il le Christ pour moi ? Alors, ma vie trouve son sens en lui, alors, je participe à tout instant par ma foi, à l’onction divine de Jésus, sans cesse, je peux puiser à cette onction qui est allégresse, joie, force, je peux m’abreuver à cette onction qui est la plénitude des dons de l’Esprit, et qui me livre les " secrets de Dieu ".
C’est pourquoi je fléchis les genoux devant le Père de qui toute famille tient son nom au ciel et sur la terre ; qu’il daigne selon la richesse de sa gloire, vous armer de puissance par son Esprit, pour que se fortifie en vous l’homme intérieur ; qu’il fasse habiter le Christ en vos coeurs par la foi ; enracinés et fondés dans l’amour, vous aurez ainsi la force de comprendre avec tous les saints, ce qui est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur... et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez comblés jusqu’à recevoir toute la plénitude de Dieu (Ép 3,14-19).
Si en cet instant même le Christ m’apparaissait et me demandait : "Pour toi qui suis-je ? ", pourrais-je confesser : Oui Seigneur je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui vient dans le monde. (Jn 11.27) ? C’est la confession du disciple, c’est de cet élan de foi que jaillit la prière de Jésus.
SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, FILS DE DIEU !
Cela change-t-il quelque chose dans ma vie que d’affirmer que Jésus est Fils de Dieu, plus même, Fils Unique de Dieu ? La confession de la filiation divine de Jésus illumine ma propre destinée. Connaître son avenir est une question bien angoissante qui tenaille les entrailles de tant d’êtres humains, c’est le pourquoi de bien des démarches auprès des voyants ou astrologues. Le Christ, Fils de Dieu, nous révèle notre destinée. Seul, par ses propres moyens, l’homme ne peut rencontrer Dieu, c’est pourquoi Dieu est venu vers l’homme, il est venu par amour, il s’est fait comme sa créature. Notre vie chrétienne ne demeurerait que dans une dimension humaine, aussi noble soit-elle, si nous ne nous tournions que vers Jésus dans son humanité. Dieu-Père dans son amour fou pour l’homme a offert son Fils Unique à l’humanité. Le Fils de David selon la chair est le Fils de Dieu. Par lui, le Christ, l’onction divine : l’Esprit-Saint, est offerte à tous les hommes. Tous sans exception, peuvent devenir fils dans le Fils par l’Esprit-Saint afin de connaître l’amour du Père et entrer ainsi dans l’expérience de la Vie trinitaire.
Prier Jésus, Fils de Dieu, c’est nous tourner avec Jésus vers le Père et dire avec lui : Abba, Père, qui es aux cieux. Jésus est Fils de Dieu et Fils de l’homme, lui seul peut nous révéler notre visage d’homme qui est une conquête, un chemin, celui de la "divinisation ", c’est-à-dire la participation à la vie divine, sans quoi notre vie n’est que mort et désolation. Le chemin de notre "divinisation " nous est ouvert par la mort du Christ qui, par amour, a traversé de l’intérieur, et assumé notre humanité blessée. La Résurrection est partage de sa Vie qu’il continue à nous communiquer dans l’amour de l’Esprit-Saint répandu dans le monde et nos coeurs et qui nous transforme en fils dans le Fils.
Le "Chemin " est tracé, la " Porte " est ouverte, à notre tour, où se situe notre responsabilité, notre participation ?
D’abord au sein de notre liberté, de notre accueil de l’Esprit-Saint et de la Parole du Christ comme dans ces paroles qui doivent s’incarner dans ma vie de chaque jour.
Je suis crucifié avec le Christ ; et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi (Ga 2,20).
Ainsi la voie de la filiation passe par ma propre mort et ma résurrection. C’est sur ce chemin que veut me conduire la prière de Jésus.
SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, FILS DE DIEU,
AIE PITIÉ DE MOI, PÊCHEUR
Nous avons tenté de nous tourner vers celui auquel nous voulons adresser notre prière : le Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, de nous laisser pénétrer par l’expérience que suscite en nous chaque mot prononcé et de prendre conscience du bouleversement qu’une telle confession de foi peut apporter dans notre vie et nous pressentons déjà que ces bouleversements sont aussi contenus dans ce cri : aie pitié de moi pécheur !
Dans le prochain article nous essaierons de nous ouvrir à l’expérience de la seconde phrase de la prière et a sa pratique. En attendant nous pourrions nous laisser habiter par cette confession de notre foi :Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu, porter chaque mot selon son énergie, sa réalité, son expression dans ma vie et le monde, dans l’adoration, la confiance, la joie, la bénédiction et nous faire tout accueil, en restant attentifs à ce que cette invocation éveillera en nous. Toutefois soyons prudents et répétons que l’Invocation du Nom n’a rien de magique, qu’elle demande l’adhésion de notre foi chrétienne et le désir de pardonner à ceux qui nous ont offensés. L’invocation du Nom sacré est puissante, elle embrase les coeurs sincères mais brûle ceux qui le prononcent indignement.
Où veut nous conduire la Prière de Jésus ? Saint Isaac le Syrien nous le révèle : " L’Amour est le royaume que le Seigneur a mystiquement promis à ses disciples quand il leur a dit qu’ils mangeraient dans son royaume : Vous mangerez et boirez à ma table dans mon royaume (Lc 33,30). Que mangeront-ils, que boiront-ils si ce n’est l’Amour ? Quand nous avons atteint l’Amour ; nous avons atteint Dieu, et notre voyage est achevé. Nous sommes arrivés à l’île qui est au-delà du monde, là où sont le Père, le Fils et l’Esprit-Saint, à qui soit toute gloire et puissance. "
Amen, amen, amen.

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par Rachel Goettmann

2. UN DIEU DE TENDRESSE

La prière de Jésus contient deux mouvements qui deviennent l’expression de notre foi et activent notre vie tout entière, si nous en prenons le chemin. Deux mouvements : l’élévation, c’est-à-dire l’adoration : " Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu ", et l’abaissement dans la prise de conscience de mon impuissance naturelle à me constituer maître de ma vie : "Aie pitié de moi pécheur. "
Notre temps refuse cette manière de penser et d’être. Pour beaucoup, le fait d’implorer la pitié de Dieu et surtout de se reconnaître pécheur amène à des comportements de culpabilité et rabaisse et humilie ceux qui s’installent dans une telle pratique. On a beaucoup reproché aux Églises de manipuler les chrétiens en les maintenant ainsi dans une dépendance qui les empêche de devenir adultes et de construire leur identité.
Quel homme, quel genre de vie peut forger la "Prière de Jésus " ? Pourquoi ces paroles : "Aie pitié de moi pécheur " ? Arrêtons-nous durant quelques instants et fermons nos yeux pour dire très lentement : "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de mot pécheur, aie pitié de moi pécheur. " Quel écho ces paroles produisent-elles en moi ? Quelles sont mes réactions ?...
Laissons maintenant de côté ce que la prière a peut-être fait monter en nous comme révolte ou colère, sans pour cela refouler nos sentiments ; essayons de taire pour un moment nos idées préconçues ou nos connotations morales, afin de nous offrir la chance d’entrer dans l’expérience de chaque parole, ainsi que nous l’avons déjà tenté pour le premier mouvement de la prière. Pour ce faire, répétons avec le roi David les paroles du Psaume 51, et nous entrerons de plain-pied dans l’esprit de la Prière de Jésus : Aie pitié de moi, ô Dieu, dans ta bonté, selon ta grande miséricorde efface mes transgressions, lave-moi complètement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché.
Dans la Bible, implorer la pitié de Dieu, c’est implorer l’Être même de Dieu, cet Être que le Père Céleste a révélé à Moïse pour son peuple, et qu’incarne le Seigneur Jésus-Christ par sa vie même et son enseignement. Israël peut implorer la pitié de Dieu, car il l’a expérimentée de génération en génération :
Toi, tu es un Dieu prêt à pardonner ; compatissant et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté, et tu ne les abandonnas pas, même quand ils se firent un veau en fonte... Dans ton immense miséricorde, tu ne les abandonnas pas au désert... Tu leur donnas ton bon Esprit pour les rendre sages, tu ne refusas point ta manne à leur bouche et tu leur fournis de l’eau pour leur soif... (Ne 9,17-25).
Dieu n’a pas pour l’homme une pitié condescendante. Il est en relation avec chacun de nous en particulier, penché sur chacun avec la même sollicitude. Il sauve l’homme, le libère, dans quelque souffrance qu’il se trouve. Israël a mis sa foi dans cette certitude qui lui permet de ne jamais sombrer dans le désespoir :
Reviens vers nous, Seigneur ne tarde pas !
Aie pitié de tes serviteurs.
Comble-nous dès le matin de ta miséricorde,
nous serons tout le jour dans la joie et l’allégresse.
 (Ps 90,13-14)
La miséricorde divine unit le ciel à la terre, elle est le ferment de l’alliance entre Dieu et l’homme, alliance que Dieu a éternellement scellée dans les entrailles de Marie, la très sainte Mère de Dieu : Et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent (Lc 1,50). Jésus, " Dieu sauve ", est la révélation en plénitude de la tendresse miséricordieuse du Père envers ses enfants que nous sommes.
Le Seigneur Jésus-Christ fait lui-même l’expérience de la pitié divine, de l’amour compatissant envers ceux qui l’implorent :
Et voici, deux aveugles assis au bord du chemin entendirent que Jésus passait et crièrent : " Aie pitié de nous Seigneur, Fils de David ! " Jésus les rappela et dit : " Que voulez-vous que je vous fasse  ? " Ils lui dirent : " Seigneur, que nos yeux s’ouvrent. " Ému de compassion, Jésus toucha leurs yeux et aussitôt ils recouvrèrent la vue et le suivirent (Mt 20,30-34).
Et le suivirent... dans le Christ, la pitié divine nous place dans une tension d’espérance qui jamais ne peut douter de la présence aimante de Dieu dans notre vie, ni du sens même de notre vie qui est le Christ lui-même, ainsi qu’en témoigne saint Paul.
Il est d’autres épisodes dans l’Évangile, où nous découvrons Jésus ému, pris de pitié, guérir les malades, les infirmes, chasser les démons, ressusciter les morts. Relisons ces passages qui ouvriront nos propres coeurs à l’esprit de compassion : Marc 1,41 ; Marc 9,22 ; Luc 7,13-14. La pitié divine est amour actif, créateur, qui fait passer de la mort à la vie. Mais ce passage ne peut se réaliser que dans le pardon divin qui donne le sens plénier à la miséricorde divine.
Dans l’Ancien Testament, nous trouvons ces paroles divines qui font tressaillir nos entrailles : Un court instant, je t’avais délaissée, dans une immense pitié, je vais t’unir à moi, ... avec un amour éternel j’aurai compassion de toi, ...quand les montagnes s’éloigneraient, quand les collines chancelleraient, mon amour ne s’éloignera point de toi, ...dit le Seigneur qui a compassion de toi (Is 54,7-10).
Sans cesse Israël pèche en trahissant son Dieu, sans cesse Dieu offre son pardon à cause de son Nom : à cause de ce qu’il est pour l’homme, le Dieu fou damour renoue l’alliance rompue et permet ainsi à son peuple une nouvelle étape, une nouvelle montée, dans un retour vers lui qui est la Vie. Le Christ Jésus est la révélation du pardon jailli au coeur de Dieu. Au travers des guérisons qu’il opère, Jésus, Dieu fait homme, nous permet de comprendre qu’il ne peut supporter que nous mourions paralysés dans l’étau de nos péchés. Nos souffrances, nos maladies découlent de notre nature pécheresse et nous conduisent à la mort, et cela est insupportable à l’amour divin. C’est pourquoi le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 19,10) en recevant de son Père le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés (Mc 2,10).
Seul le Christ Jésus peut pardonner les péchés, c’est-à-dire nous rendre la vie, parce qu’il a partagé notre vie pécheresse en se faisant solidaire de notre humanité pécheresse, lui qui n’a pas commis de péché. Il est entré dans la mort, conséquence du péché de l’homme, et sa Croix est le gage de son pardon : Père, pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23,34).
Dans ce contexte, la Prière de Jésus va éveiller en nous à la fois le souvenir de Dieu, le Seigneur de vie qui pardonne, et le souvenir de la mort engendrée par le péché humain. Alors notre vie pourra trouver son sens lumineux, car dans la reconnaissance de mon péché qui me plonge dans les ténèbres et contribue aux ténèbres du monde, je vis la Pâque offerte par le pardon du Christ crucifié qui me fait entrer dans la vie nouvelle et conduit en même temps vers l’amour pour mes frères. C’est ce que l’on appelle la métanoïa, le retournement. Ma vie ne s’épuise plus à tourner autour de moi-même, mais elle s’épanouit, orientée vers le Dieu miséricordieux et compatissant, et trouve sa responsabilité dans le monde. Ainsi " la mémoire de la mort s’inverse en mémoire de Dieu, qui se laisse saisir par la mort pour la consumer et nous offrir la résurrection (Olivier Clément).
Celui qui s’aventure sur le chemin de la Prière de Jésus se sait malade, divisé, hors de lui-même, il voit son péché sans culpabiliser mais sans l’occulter. Il ne suffit pas de dire " Aie pitié de moi pécheur " pour capter sa guérison, car la formule n’est pas magique, mais de prendre conscience de ce qui, dans mes pensées, mes regards, mes paroles, mes actes, m’éloigne de Dieu, c’est-à-dire me rend malade. Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades (Mc 2,17).
Qu’est-ce que cela veut dire pour moi : être malade, donc pécheur ? Nous n’allons pas donner la définition du mot pécheur, mais tenter de nous approcher de la réalité que nous pouvons expérimenter. Si nous pouvions simplement décrire le pécheur de la Bible, donc le pécheur que je suis, nous dirions que c’est celui qui se trompe de voie, celui qui se coupe de la voie d’alliance tracée pour lui par Dieu et qui, par esprit d’indépendance, s’aventure seul sur d’autres chemins, vers une destinée qui n’aboutit qu’à la mort. D’où ces appels désespérés, ces cris de détresse du peuple hébreu, mais en même temps ces demandes de pardon, toutes remplies de l’espoir de la délivrance.
Ô mon Dieu, tu connais ma folie et mes fautes ne te sont point cachées... Mais moi, Seigneur, je t’adresse ma prière... Réponds-moi, Seigneur, car ta miséricorde est secourable, dans ton immense compassion, regarde vers moi... Approche de mon âme et rachète-la (Ps 69).
On ne pèche que contre Dieu seul ! Mais soyons clairs : nos péchés n’offensent pas Dieu de la même manière que nos fautes offensent nos frères ; non, le péché n’est pas d’abord une attitude qui nie la morale, il touche au sacré même de la vie que Dieu nous a insufflée. Depuis la chute, depuis qu’Adam a refusé d’obéir à Dieu, c’est-à-dire de tendre l’oreille vers la volonté divine afin de se recevoir de Dieu, il n’est point d’homme qui ne pèche point, ce qui fait dire à saint Jean l’Évangéliste : Si nous disons : nous n’avons pas de péché, nous nous abusons, et la vérité n’est pas en nous (1 Jn 1,8).
Héritiers d’Adam par notre humanité, nous naissons pécheurs, mais Dieu qui est la Liberté nous a créés libres à son image, ainsi nous ne sommes pas obligés de pécher. Nos relations avec Dieu peuvent être vécues dans un principe de liberté. Lorsque nous nous appuyons sur cette liberté pour pécher nous refusons Dieu, nous le rejetons. C’est l’aspect mortifère de notre liberté ; mais cette même liberté est le tremplin de notre retournement vers Dieu. Notre liberté est un cadeau d’amour de notre Créateur. " Dieu peut tout sauf contraindre l’homme à l’aime, disent nos Pères, mais d’être à sa ressemblance, cela n’appartient qu’à ceux que par un grand amour ont attaché à Dieu leur liberté. "
Notre chemin de retour vers Dieu, notre métanoïa, ne peut se réaliser que dans l’amour, c’est pourquoi la Prière de Jésus est aussi appelée "prière du coeur ", nous y reviendrons dans le prochain article. Il n’est point de plus lumineuse parabole que celle du " fils prodigue " pour nous éclairer sur le devenir de ce fils que je suis et qui crie vers son Père : " Aie pitié de moi pécheur. "
Relisons cette parabole (Lc 15,11-52) et essayons d’entrer dans la peau du fils qui quitte son père, afin de découvrir avec le fils prodigue les moyens et les conditions de notre retour...
Je suis ce fils qui s’épuise dans "un pays lointain ", c’est-à-dire hors de mon coeur. Je dissipe la vie que j’ai reçue de Dieu. Animé par ma volonté propre, j’oublie Dieu, je mets mon espoir dans les hommes et ne compte que sur les seules nourritures terrestres pour vivre. Je deviens avare et ingrat en me considérant propriétaire des dons et richesses que Dieu me prodigue. Or la plus belle plante se dessèche si elle n’est pas arrosée : coupé de mon Dieu, je suis une terre desséchée et sans eau (Ps ). Mais au fond de moi, le meilleur de moi gémit et se souvient : Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion...(Ps 137,1).
Tout comme le fils prodigue, nous portons en nous la mémoire de la paternité divine, les paroles que le Père céleste a prononcées et dont ses enfants se souviennent de génération en génération. Au sein même du désarroi, de la misère, où mon départ me conduit, l’Esprit-Saint soupire : " Reviens, reviens ! "...
Je pose mon premier pas sur le chemin du retour lorsque, mû par l’Esprit-Saint, je nomme mes égarements, mes exigences, mes trahisons. Puis j’entre dans cette acceptation : " Je suis pécheur, Seigneur, aie pitié de moi  ! "
Quand ils seront dans le pays de leurs ennemis, je ne les rejetterai pas (Lv 26,44). Je sais que je puis sans crainte revenir vers le Père, je sais qu’il m’aperçoit de loin, c’est-à-dire là où j’en suis, tel que je suis. Je me souviens que déjà ses entrailles maternelles s’émeuvent : Une femme n’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? (Is 49,15).
Et puis il me prendra dans ses bras, comme me l’apprend la parabole, sans reproches, sans me punir, et il ordonnera un jour de fête pour annoncer ma résurrection. Oui, mon coeur peut expérimenter la joie de ce retour à la vie sans se leurrer ou douter, car si quelqu’un vient à pécher ; nous avons comme avocat auprès du Père Jésus-Christ, le Juste. C’est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier (1 Jn 2,1-2).
"Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur ! "
Dans notre retour sur nous-mêmes, n’occultons pas le fils aîné de la parabole, qui refuse de participer à la fête organisée par son père pour son frère ressuscité et au quel le père dit : Tout ce qui est à moi est à toi. Nous sommes baptisés, revêtus de la lumière du Christ, mais bien souvent nos vies ne sont pas le reflet de sa lumière. Pourtant on va à la liturgie, on se marie à l’église, on fait baptiser les enfants, on étudie même la théologie, ou on accomplit des oeuvres de charité... Mais la souffrance de nos frères ne nous émeut pas, leurs combats pour la vie, leurs victoires ne nous intéressent pas. Nos coeurs se dessèchent, quelque part nous sommes des pharisiens fiers de leurs traditions, de leur rite, de leur héritage. Nous nous considérons comme les seuls justes auxquels reviennent les grâces divines, nous oublions combien la brebis perdue a d’importance pour le Christ. Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentir... (Lc 15,7).
Pour mon égocentrisme, ma vanité, mon ingratitude :
" Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur ! "
Nous pressentons l’impact que la Prière de Jésus peut avoir sur notre vie si nous décidons de prendre ce chemin. Elle va bousculer notre vie intérieure et extérieure, en nous conduisant à un autre regard sur nous-mêmes, sur le monde sur nos frères, sur l’Église.
" Elle est efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’aine et de l’esprit ; des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du coeur. Aussi n’y a-t-il rien doris les profondeurs de notre esprit qui reste invisible devant elle, mais à sa lumière, tout est nu et découvert " (Archimandrite Sophrony, Sa vie est la mienne, p. l67).
La Prière de Jésus est aussi un art. Dans le prochain article, nous découvrirons une méthode au sein de notre tradition, afin de nous aider à entrer dans la pratique de la prière. Ainsi : L’homme descendra dans la profondeur de son coeur, alors Dieu montrera sa gloire (Ps 64,8).
Article paru dans la revue Le Chemin, no. 20, 1993.
Reproduit avec l’autorisation de »

Rachel Goettmann et de la revue Le Chemin.

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